Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/81

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elle-même la souveraineté qu’on lui avait offerte comme descendante des comtes de Hollande[1], mais qui souhaitait passionnément de voir éclater la guerre entre la France et l’Espagne, insinuait que le duc d’Anjou ne serait pas un mauvais choix ; et, pour y incliner les esprits, elle laissait entrevoir la possibilité de son mariage avec le fils de France.

Dans les provinces de l’Union, le duc d’Anjou rencontrait, à la vérité, une opposition prononcée ; les républicains zélés et les prédicateurs protestants s’unissaient pour le repousser, les uns ne voulant point de prince du tout, les autres ne voulant à aucun prix d’un prince catholique. Mais, comme personne ne proposait aucun autre moyen de salut, il arriva que l’on finit par accepter celui-là, non qu’on le regardât comme assuré, mais par l’impossibilité où l’on se croyait d’en trouver un autre.

Nous nous étonnons que la pensée, qui nous paraît si naturelle, de déférer au prince d’Orange le titre et les marques extérieures d’une souveraineté qu’il exerçait, en réalité, depuis longtemps ne se soit pas présentée à l’esprit de tous. C’eût été, en effet, prévenir les vœux secrets du peuple, couronner par un acte suprême l’affranchissement des Provinces-Unies, et, tout en cédant à la nécessité des temps qui exigeait un chef unique, préserver l’honneur national, d’accord avec la sagesse

  1. Par Philippa, fille de Guillaume III, comte de Hollande, femme d’Édouard III.