— Citoilliens ! cria-t-il.
— Cassis-Cognac ! répondit une voix outrageante — mais solitaire.
— Silence ! tonitrua Marlusse.
Un grand silence se fit, tant il est vrai que toujours l’homme d’élite en impose à la masse, et que, lorsque la masse se trompe, c’est la pénurie d’hommes d’élite qui en est cause.
— Vous voyez cette corde ? dit Marlusse. C’est la corde avec laquelle mon pauvre père fut attaché, ligoté, lié, entortillé, ficellé, amarré, enchaîné et conduit à Lambessa, au coup d’État de 51 ! Avec ça on entre partout. Je m’appelle François Marlusse, fils, petit-fils et peut-être même arrière-petit-fils de victime !… Vive la République !
— Entrez, citoyen !… Vive Marlusse ! Vive le citoyen Marlusse !… Il est fils des victimes de 51 !
— Le connaissez-vous ?
— Moi ? non… mais c’est un bon !… rien qu’à son air !… Vive Marlusse !
Et Marlusse entra, fier comme Artaban.
À ce moment, dans la salle, un des délégués soufflait à l’oreille de Poisse :
— Je vais faire tous mes efforts pour que vous arriviez candidat, monsieur Poisse. Mais, si vous arrivez député, je vous demande une çoze d’avance.
— Et quoi donc ?… Si c’est possible, d’avance je vous l’accorde.
— Une toute petite place, monsieur Poisse.
Poisse fronçait le sourcil comme si, déjà nommé, il eût été en mesure de… refuser.