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L’ILLUSTRE MAURIN

veux bien, déclara Maurin, à l’épée, au sabre, au fusil, même au canon ! mais je crois qu’il nous sera plus agréable à tous de voir comment M. Marlusse se débrouille avec le fouett ! Et vous me direz alors si ça ne serait pas du courage pour deux bons Français de se battre à cette arme-là, comme c’est la mode entre charretiers !

Le capitaine finit par comprendre qu’il fallait rire de l’aventure…

— Voyons ça ! dit-il, prenant son parti.

Dès qu’il eut prononcé ce mot :

— Allume ! commanda d’une voix retentissante Marlusse à Pastouré.

Alors, Pastouré, conformément aux instructions que lui avait données Marlusse, alla ouvrir le caisson du char, sous le siège, et en tira trois paquets de bougies.

Après les bougies, il tira du caisson de petits chandeliers de faïence jaune qu’avec l’aide de Marlusse il déposa ici, là, à droite, à gauche, quelques-uns sur le char, d’autres à terre, un peu au hasard, dans un espace assez étroit.

Le capitaine déjà amusé se prit à regarder cette manœuvre avec plus d’étonnement que de rancune.

— Les chandeliers, dit l’épicier, c’est moi qui les ai vendus : un sou pièce. Dix sous les douze.

— J’en ai pour mes beaux trente sous ! soupira Marlusse…

Et se tournant vers son ennemi :

— À présent, aregardez-moi bien ! J’accommence !

Il campa son chapeau sur sa nuque et, fouet en main, il prit la position d’un duelliste en garde.

— Voyez-vous, dit-il, avec ce fouett à la main, je ne