Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
L’ILLUSTRE MAURIN

card, il semblait faire contre mauvaise fortune bon cœur. Il paraissait insensible à la violence de l’orage. Il faut croire que la danse des gendarmes, la fuite heureuse de Maurin et le mariage de son fils l’avaient mis en état de supporter en parfait silence les misères de cette fin de journée.

L’eau éteignit sa pipe : il la mit dans sa poche ; l’eau s’amassa dans les bords de son chapeau : il le prit de temps en temps et le vida. Les bords de son chapeau s’effondrèrent et versèrent des litres d’eau dans son cou et dans la raie de son échine : il se secoua et se mit un mouchoir autour du col. Sa limousine neuve but tant de pluie qu’il en filtrait au dedans, sur sa veste : il prit de la paille, s’en habilla sous la limousine qu’il serra contre lui avec des ficelles. La corde de son fouet, plus mouillée qu’une ligne à pêcher, refusa le service : il coucha son fouet dans sa charrette et se mit à siffloter.

Enfin, après une marche de deux heures sous une énorme et incessante averse, il arriva devant sa maison : il pleuvait toujours. Et Parlo-Soulet ne parlait toujours pas.

Il détela sous la pluie, bouchonna le cheval et l’âne, puis se mit entre les brancards de sa charrette et la conduisit bien au sec sous le hangar : il pleuvait toujours.

Alors, tout étant bien en ordre et son abri tout proche, Parlo-Soulet, se décidant à s’impatienter, regarda le ciel de travers. C’est là-haut que trône le destin. C’est de là-haut en tout cas que bien visiblement tombe la pluie. Parlo-Soulet regardait donc ce « là-haut ». Et il y vit certainement de ses yeux l’Obsti-