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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/315

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L’ILLUSTRE MAURIN

laisser sa charrette chargée de billons, et embourbée jusqu’aux essieux… Les quatre chevaux de Martegàou ne la déplaçaient d’une ligne… Alors, on les détela, on attacha la charrette au derrière de l’un de ces gros animaux à courte queue qui ont un long nez au bout de leur bras ou un long bras au bout de leur nez, et pechère ! il ne fit que se pencher un peu en avant, comme ça, et il vous arracha la charrette comme une dent !… Cette fois-là aussi mes perdreaux avaient filé, rien qu’en les sentant venir de loin ; et la renarde resta trois heures à se consoler de la peur ; et ma belette, à toute force, voulait m’entrer dans l’estomac !

Le dragon et le mousquetaire écoutaient gravement.

— C’est amusant des fois, poursuivit Saulnier, de voir ce qui passe sur mes routes. Je suis ici aux premières loges… mais des éléphants il n’en passe pas toutes les semaines… heureusement ! — C’est trop gros… ça défoncerait mon travail trop vite ! Un derrière de grosse femme tiendrait — songez donc ! — dans la trace d’un de leurs pieds, et un seul de leurs crottins suffit à emplir d’un seul coup la brouette du petit Touninot, le ramasseur de pètes d’âne. Il passa par ici, justement ce jour-là, et fut bien étonné de trouver ce qu’avaient laissé les chameaux et bêtes à trompe. Et je lui dis : « Eh bien petit, tu es content aujourd’hui, qué ? la récolte est bonne ? ce n’est pas tous les jours que tu rencontres des pètes d’âne de chameau ! » Il ne comprenait pas, pechère ! Tout le monde ne peut pas avoir vu d’éléphant, ni de chameau !… Pas moins, rien que la grosse chose qui était tombée du derrière de l’éléphant avait si bien empli sa brouette que, pour ramasser les autres, il dut faire trois voyages et, comme de juste,