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L’ILLUSTRE MAURIN

il les fit en chantant de plaisir, — vu que les pauvres doivent se contenter de peu, et rendre grâce à Dieu du bonheur qui leur arrive, surtout quand il est inattendu.

— Je connais, dit Maurin, une chanson arabe qui dit comme ça :

Le petit oiseau
Mourait de faim
Sur la route
Du désert.
Dieu envoya
Un cavalier,
Et le cheval
Tout en trottant
Jeta sa crotte.
L’oiseau s’en vint
Du haut de l’arbre
Et picota
Le crottin d’or,
Puis remonta
Au haut de l’arbre
Pour louer Dieu…
Allah est grand !

Tous trois restèrent un moment silencieux, rêvant. Ils croient voir le petit oiseau sur la route désolée. Ils l’entendaient chanter, rendre grâce au mystère, bienfaisant malgré tout, de la vie inexplicable.

Puis, tout à coup :

— J’en ai vu, moi, des éléphants, se décida à dire le mousquetaire, et que plus d’un, quand j’étais marin à l’État. J’en ai vu en Inde. Quant aux chameaux, j’ai même monté dessus, en Afrique tout simplement… C’est là que j’ai chassé le sanglier dans des montagnes bien drôles !

— Et qu’est-ce qui les faisait drôles, tes montagnes d’Afrique ?