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L’ILLUSTRE MAURIN

souffler vos bêtes… Un pauvre cantonnier, comme souvent je te l’ai dit, n’a pas tous les jours des nouvelles.

— Attends, dit Maurin, nous allons descendre de cheval, et nos bêtes, comme nous, n’en auront que meilleur repos.

Les deux cavaliers s’assirent près de Saulnier, tenant en main la bride de leurs chevaux. Le mousquetaire n’était pas fâché de revoir la carriole de Tonia qui sans doute avait fait halte quelque part.

— Eh bien, dit-il alors, quand j’eus décidé de chasser le lion, comme notre compatriote Gérard, le Tueur de lions, qui était natif de Pignans près de Gonfaron, je partis pour l’Afrique et là, je chassai le lion.

— Avais-tu un chien ?

— Non, j’avais une chèvre.

— Je comprends. Pour te servir d’appât.

— Tout juste. Je connaissais l’histoire de notre grand Gérard, qui est célèbre dans le monde entier. Je savais comment il faut s’y prendre pour faire cette chasse. J’allai dans une contrée que m’avaient montrée des Arabes. C’était près d’une source, au pied d’une montagne sauvage, en un endroit où commençait une plaine couverte de vignes qui s’en allaient à perte de vue. Un lion habitait dans les cavernes de par-là et, tous les soirs, au soleil couchant, il avait l’habitude de venir boire à la source qui luisait devant moi. J’attachai ma chèvre au pied d’un arbre…et j’attendis, prêtant l’oreille, — vu qu’il rugissait chaque soir à la même heure.

— Je sais ce que c’est, dit Saulnier ; quoique ceux de la ménagerie fussent dans des cages solides, ils me faisaient une grosse peur, pas moins !… Alors, parle vite… Comme ça, tu l’entends gueuler ?