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L’ILLUSTRE MAURIN

— Ce n’est pas un lion qui arriva, dit le mousquetaire.

— Eh ! quel autre animal, donc ? interrogea le cantonnier.

— Un garde-forêt !… Il fut très poli, ce brave homme : « Monsieur, me dit-il comme ça, pardon, excuse ! mais la chasse au lion n’est pas permise dans cette propriété. Veuillez reprendre votre chèvre et la faire souper plus loin. » Et du doigt, il me montra, cloué sur un arbre, un écriteau que je n’avais pas vu, et où il y avait :

LA CHASSE AU LION
ELLE EST
INTERDITE
DANS CETTE PROPRIÉTÉ
QU’ELLE EST
PRIVÉE.

« Je dis au garde : C’est bien. J’irai me poster de l’autre côté de l’eau. Mais le garde me fit observer poliment que pour sortir de la propriété particulière où j’étais, il me faudrait marcher tout un jour et deux nuits. C’était, dans toute la province, le seul endroit où, en bien cherchant, on trouve encore du lion.

« — Mais, sacrebleu ! que je lui dis alors, comment ça va qu’elle est interdite dans cette propriété, la chasse au lion ?

« — Parce que, me répondit-il, nous n’en avons plus que quelques-uns et nous y tenons beaucoup dans le pays, pourquoi les sangliers nous mangent les raisins, et si nous n’avions pas les quelques lions qui