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L’ILLUSTRE MAURIN

Saulnier mit sa masse sur son épaule ; et le dragon, le mousquetaire et le cantonnier s’en allèrent à petits pas, suivis des deux chevaux, de la belette, de la renarde et des perdreaux caquetant.

— Et nos chevaux ? où les logeras-tu ? dit Maurin.

— Dans la broussaille, là-haut, dit Saulnier, hors de la vue des curieux ; j’ai maintenant un petit âne… le foin ne manquera pas.

À ce moment, ils durent se ranger tous trois sur le bord de la route : la carriole d’Orsini, qui s’était arrêtée un moment à la Molle, les rejoignait… Elle passa devant eux, rapide, au grand trot… Et Tonia, se retournant, envoya du bout des doigts un baiser au roi des Maures qui ne regretta pas son bavardage avec le maître de la belette, des perdreaux et du renard.

— Mais, dit Maurin, tout en cheminant vers la cabane du cantonnier, — nous t’allons beaucoup déranger en arrivant deuss dans ta guérite où tu n’es pas au large quand tu n’es rien qu’un !

Le visage de Saulnier, le vieux visage aux rides innombrables, rayonna de malice :

— Fils, dit-il, tu connais le proverbe, je pense : « Les amis qui viennent vous voir vous font toujours plaisir… Si ce n’est pas quand ils arrivent ; c’est quand ils s’en vont. »