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L’ILLUSTRE MAURIN

— Tu as raison.

Ils gagnèrent un sommet tout proche d’où ils regardèrent attentivement ce qui se passait aux alentours.

Du pied de plusieurs coteaux s’élevaient déjà de hautes flammes, qui montaient à l’assaut des cimes. Elles étaient d’un jaune pâle dans la blanche incandescence d’un soleil d’août… Elles montaient presque droites avec des extrémités qui s’ondulaient en s’amincissant et se terminaient en une sorte de coup de langue de serpent, vite lancé et aussi vite retiré. On croyait voir à la pointe des flammes leur prolongement en chaleur effilée ; quelques-unes, çà et là, se cassaient brusquement au-dessous de la pointe, et une flèche de feu, telle une immense fleur qui s’envolerait séparée de sa tige, fasceyait un instant, effacée aussitôt, fondue dans la clarté solaire…

Le paysage tremblotait tout entier dans le frémissement de l’air surchauffé.

Le « gros bois deïs fados » semblait un fagot de boulanger dans un four de Titan. Il s’en dégageait une pyramide de fumée qui déjà s’élevait très haut sur le bleu du ciel… et dont la cime, parvenue à cette grande hauteur, se recourbait en panache, atteinte par un courant d’air.

— Là-bas ! là-bas ! regarde, Sandri ! encore un foyer !…

— Ah ! l’enragé ! le gueux ! le forçat ! il brûle les Maures ! cria Sandri. Ah ! si je le voyais faire, je lui enverrais volontiers une balle dans la tête !

Là-bas, sur le point que se désignaient du doigt les gendarmes, au pied d’une des nombreuses collines