Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/441

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
423
L’ILLUSTRE MAURIN

Ils s’assirent au fond du puits, au bord de leur galerie, les pieds pendant jusqu’au ras de l’eau, leurs pains et leur fiasque d’aïguarden entre eux. Ils tirèrent leurs couteaux et… « à votre service, si vous voulez faire comme nous ».

Quand ils eurent bien mangé de ce bon pain auquel les pignes donnaient un goût de forêt délicieux, ils se mirent à lever le coude plus souvent que de raison.

— Nous ne sommes pas dans une situation à nous regretter un coup d’aïguarden, — ça réchauffe ! ça nous fera éviter quelque mauvais mal…

Et tant et si bien ils burent, sans craindre d’ailleurs d’épuiser leur fiasque, que Pastouré, en compagnie de son Maurin, devint aussi loquace que s’il eût été seul :

— Pour t’en revenir à la Vérité, dit-il, laquelle est comme nous dans un puits, — où est l’âne bâté, l’imbécile, l’ignorant, qui a eu la sottise de la peindre habillée en femme comme je l’ai vue sur une image, ou plutôt, sous la figure d’une femme, oui, toute nue ? Il ne savait donc pas, celui-là, que la femme et la « messonge », ami Maurin, c’est tout un. C’est la messonge qui est une femme, crois-le-toi, — et tout ce qui est vrai est un homme… Voilà mon idée. Aux femmes il ne faut pas se fier, et je profite pour te le dire de ce que je rencontre ici, dans une place où il ne passera personne, et je te le répète : « Méfie-toi des femmes ! » Té, à propos de ça, connais-tu, ô Maurin ! l’histoire de la fille qui ne savait pas ce que c’est qu’un aviron ?

— Conte-la moi, dit Maurin, — que nous avons besoin de distraction, tous les deux, ici.

— Je te la conterai très bien parce que la chaleur m’est revenue…