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L’ILLUSTRE MAURIN

— Vas-y, Pastouré. J’écoute ! Faï tira !

— Il se met donc un aviron sur son épaule, tourne le dos à la mer, et s’enfonce dans les grosses montagnes. Quand il fut arrivé loin, loin, là-haut dans le nord à Draguignan, il rencontra une fille : « Eh ! oh ! la belle fille ? Qu’est-ce que c’est que je porte là sur mon épaule ? le sais-tu ? sais-tu comment ça s’appelle ? » La Draguignaise, sans malice : « Té ! c’est un aviron, pardine ! » — « Allons plus loin, repensa le matelot. Ce n’est pas à Draguignan qu’habite la vertu que moi je veux trouver ! »

« Il passa par Figuanières ; il y fit pareille rencontre, fit même question, reçut même réponse… À Calas semblable affaire.

— J’en sais une, moi, d’histoire sur Calas, interrompit Maurin, une fameuse !

— Veux-tu que je te la conte, celle de Calas ? demanda sans s’émouvoir Pastouré, décidément gris.

— À ton aise ! dit Maurin qui fumait gravement.

— À Calas, commença Pastouré… Il faut te dire que dans ce village les ânes habitent le troisième étage des maisons.

— Si tu me finissais premièrement celle du matelot ? implora le malicieux Maurin…

— Le matelot, reprit docilement Pastouré, arriva tout là-bas, là-bas, au milieu des terres lointaines, tout au nord, à Digne…

« Passe une belle fille avec une poupe, mon ami ! comme la poupe d’une frégate ! des hanches, mon ami, comme les hanches d’une frégate !… « Savez-vous la belle fille, ce que je porte là ? — Un aviron, pardi, grosse bête ! — Ça n’est pas encore à Digne