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L’ILLUSTRE MAURIN

que je trouverai la vertu que je cherche. » Et il s’enfonça toujours dans les terres, dans les grosses montagnes. Enfin, loin, bien loin de la mer, il rencontra encore une fille, avec des hanches, une poitrine et tout ce qu’il faut. Elle était petite, avec des yeux, des cheveux, des dents… enfin tout ce qu’il faut, « Qu’est-ce que c’est que ça que je porte ? » Celle-là le regarde en baissant les yeux : « Ça, dit-elle, mon brave monsieur, c’est une pelle à four ! — Noum dé pas Dĭou ! j’ai trouvé le merle blanc ! En voilà une, à cette fois, qui est comme la prune à l’arbre quand elle a sa flourette que personne n’a jamais touchée ! Je l’épouse ! » Et comme, après avoir si souventes fois fait le tour du monde, il avait amassé le magot, les parents lui donnent la fille.

« Voilà les novi au moment de se mettre au lit. Lui, il était en chemise ; elle, déjà couchée. Et comme il allait pour se mettre au lit à son tour : « Où voulez-vous, dit-elle, que je me place, capitaine ? sur tribord ou sur bâbord ? — Noum dé pas Dĭou ! dit le matelot en s’arrachant les cheveux, elle avait déjà vu un aviron !… J’ai donc fait à pied, pauvre moi ! un long chemin bien inutile ! Et me voilà empoissé maintenant avec une poix qui ne fond pas au soleil !… » Et il fut, tout comme un autre, juste ce qu’il ne voulait pas être.

— C’est une jolie histoire ! dit Maurin qui riait de tout son cœur.

— Comment ! s’étonna Pastouré, comment ne la connaissais-tu pas ? Si c’est Dieu possible !

— Bien entendu que je la connaissais, riposta Maurin, quand ça ne serait que pour te l’avoir entendu conter plus de cent fois ! Mais nous ne sommes pas ici pour