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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/146

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MAURIN DES MAURES

— On chasse les merles, dit-on, ici, comme en Corse ? Est-ce vrai ?

Maurin le regarda de travers :

— Oui, dit-il, et je vous mènerai à la chasse aux merles, quand vous voudrez, mais il faudra laisser à la maison votre « trompette » parce que ces oiseaux-là, nos merles de pays, — la trompette les « détourne ».

Le préfet sentit le péril et regarda Maurin d’un air inquiet. Mais Maurin était « parti » et il se mit à s’amuser en bon Provençal galégeaïré.

— Voici, dit-il, en regardant toujours M. Labarterie, comment nous chassons les merles, nous autres. Je pars bien avant le jour, pour aller à l’agachon, une cabane basse que j’ai faite avec des branches d’arbre au mitan des bois. Dans cette cachette, vous vous mettez tout seul. À travers les branches que vous touchez de la tête quand vous êtes assis dessous, — vous voyez le ciel, là-bas, au levant, qui devient un peu blanchâtre, puis un peu rouge… c’est tout juste la petite pointe du jour. C’est le bon moment « pour faire le merle ». Pour faire le merle, vous tirez le chilé de votre poche. Voici le mien. Et vous commencez. Écoutez-moi ça !

Maurin mit entre ses lèvres le chilet, sorte de petite boîte ronde en fer-blanc, traversée d’un trou au beau milieu, et il commença à siffler, à imiter le chant du merle…

— Réponds-moi, Pastouré.

Pastouré tira de sa poche un chilet d’une autre forme, fait d’un fragment de patte de langouste, et se mit de son côté à imiter le merle.

Tout à coup :

— Halte ! cria Maurin, d’un ton impérieux.