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MAURIN DES MAURES

Et il promena un regard circulaire sur l’assemblée :

— Votre oreille ne vous a rien dit ? interrogea-t-il.

Son regard sévère s’arrêta sur M. Labarterie :

— À vous, non, bien sûr, parce que vous n’êtes pas un merle à plumes, mais remarquez-moi ce passage…

Et il s’interrompit pour reprendre sur son instrument le passage incriminé ; puis, s’arrêtant encore tout à coup :

— L’avez-vous entendue, cette fois, la fausse note ? Non, pardi ! mais Pastouré, lui qui l’a faite, l’a comprise, du moins la seconde fois ! N’est-ce pas, Pastouré ?

Pastouré fit signe que oui.

— Vous autres, vous n’y avez vu que du feu !… mais pas moins, en entendant cette note-là, si vous aviez été de vrais merles, vous auriez tous f…ichu le camp !

La vision de cette assemblée de dignitaires s’enfuyant tout à coup, transformée en un vol de merles, surgit si brusque que tout le monde partit en même temps d’un énorme éclat de rire.

Le geste de Maurin semblait éparpiller des merles dans l’espace.

Il reprit, toujours tourné vers Labarterie :

— Donc, vous étiez en train de faire le merle… Attention !… En voici un qui se pose dans les branches qui paraissent toutes noires sur le ciel qui blanquège à peine. Vous continuez à chiler… En voilà un autre, de merle, deux !… trois !… Le ciel devient plus clair : vous les apercevez mieux quand ils se posent.

En ce moment, il oubliait la galégeade ; il voyait arriver les merles ; cette chasse, devenue réelle pour lui, l’amusait.

Et Maurin élevait ses doigts écartés, pour augmenter