ayant souri avec pitié, reprit avec condescendance, en regardant le charbonnier qui semblait, comme toujours, masqué de noir :
— Quel est le motif, la raison qui fait que vous croyez légitime d’être autorisé à la chose d’avoir des soupçons ?
— Voilà, dit Célestin Grondard.
Il montra à Sandri le bouton de cuivre ramassé non loin du lieu où l’on avait trouvé son père mort.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? dit Sandri.
Il lut péniblement la devise écrite en relief et luisante sur le fond vermiculé du petit objet de métal : « Mon espoir est en pennes. »
— Il y a, dit-il gravement, une faute d’orthographe. Il manque un i avant la première des deux n.
Célestin, sous son masque sombre, le contemplait avec l’hébétement du poisson d’aquarium qui, à travers une vitre, regarde un savant pisciculteur. Cet hommage enchanta Sandri.
Dans tout Français qui détient une part d’autorité, si minime soit-elle, il y a — comme le répétait souvent M. Cabissol — un Napoléon. C’est ce qui rend notre nation inquiète, toujours partagée entre son goût de liberté et son amour de la domination. Elle n’est, au fond, composée que de révolutionnaires qui aspirent à la tyrannie.
— Ce que je vous dis n’est pas pour vous, fit le gendarme sur un ton de supériorité écrasante. L’orthographe ne vous concerne pas, puisque vous êtes incompétent. Assez là-dessus. Que signifie cet objet ? répondez immédiatement ! Comment est-il arrivé entre vos mains ?