Grondard expliqua. Il croyait que Maurin portait quelquefois une veste avec des boutons pareils à celui-ci. Et depuis quelque temps, il l’épiait, attendant le jour où il remettrait cette veste. Si, en effet, ce bouton appartenait à Maurin, ce serait la preuve que le braconnier s’était trouvé sur l’endroit du meurtre… Alors, lui, Célestin Grondard, l’interrogerait ; et, en s’y prenant bien, de gré ou de force il l’amènerait à se trahir comme coupable…
Le gendarme réfléchissait.
— C’est quelque chose, dit-il, qui pourrait servir à un juge. Les juges sont intelligents, ils sont nommés juges à cause de ça. Mais vous, Grondard, vous ne tirerez rien de Maurin par le moyen que vous dites ! Et puis, où le prendre, ce diable de coureur qui ne reste jamais en place ?…
— Où le prendre ? fit Grondard, je le sais bien, moi.
— Et où donc ?
Grondard expliqua. Il savait que Maurin, depuis quelques jours, Maurin, le coureur de filles, avait une nouvelle aventure.
— Connaissez-vous le cantonnier Saulnier ?
— Celui qui se fait suivre par toutes ces bêtes sauvages qu’il a apprivoisées ?
— Oui.
— Savez-vous où est son cabanon ?
— Oui, pas loin de la route, entre les Campaux et La Molle… je le trouverai facilement.
— Eh bien ! dit Grondard, ce Saulnier, pendant qu’il est à son travail de casseur de pierres, prête son cabanon à Maurin, et Maurin s’y rencontre avec la femme de maître Secourgeon, le fermier que vous devez connaître.