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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/192

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MAURIN DES MAURES

Et si tu veux le savoir, je suis venu pour te punir de ça, moi, son frère ! J’en finirai avec toi, entends-tu, et pas plus tard que tout de suite, voleur de filles !

— Écoute, le masqué, fit Maurin avec une parfaite tranquillité et un grand air de noblesse ; écoute, ne m’échauffe pas la bile, ce serait tant pis pour toi… Mes chiens là-haut « bourrent » la bête… et je ne veux pas la manquer. Pourquoi ne me demandes-tu pas de l’argent, pendant que tu y es ? Raconte à qui tu voudras tes mensonges et laisse-moi en paix… Tout le monde connaît Maurin et tout le monde te connaît, toi ! Ce n’est pas Maurin qui violente les filles. Elle le cherchent assez d’elles-mêmes, et il s’en flatte. Ceux qui violentent les filles sont des gueux — et tu en connais, hein, de ceux-là ? Ton père en était peut-être… Ah ! tiens, va-t-en, car je t’ai assez vu, et de te voir ça me fait bouillir… Si j’avais eu le bonheur de délivrer le pays de la canaillerie de ton père, j’achèverais ma besogne en délivrant le pays de toi, ici-même, en ce moment, car tu ne vaux pas mieux que la Besti. Ah ! vous étiez à vous deux une jolie paire de marrias ! Et heureusement te voilà dépareillé.

Le géant noir devint pâle sous son masque de suie.

Il serra ses deux gros poings, se demandant ce qu’il allait faire.

Alors Maurin épaula tranquillement son fusil… Le coup partit… un lièvre magnifique déboulina là-haut, au flanc de la colline, frappé à mort parmi les touffes de thym. Tandis que les chiens courants de Maurin continuaient à suivre la piste en poussant leur abois continus, Hercule, son griffon d’arrêt, se mettait en quête de la pièce abattue auprès de laquelle il demeurait fidèlement de garde, jusqu’à ce que lui fût donné l’ordre d’apporter.