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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/193

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MAURIN DES MAURES

— Mon fusil est à deux coups, dit Maurin, l’œil sur Grondard, et il a l’habitude, comme tu vois, de ne pas manquer le gibier.

Il allait s’éloigner et ramasser son lièvre, lorsque la sœur du charbonnier se montra.

L’affaire commençait à prendre tournure de guet-apens.

La fille savait bien ce qu’elle avait à dire. Son frère l’avait, de longue main, préparée à cette entrevue, comme à d’autres à peu près pareilles.

— Ah ! monstre ! cria-t-elle. C’est toi qui m’as attaquée l’autre jour, et renversée et battue, et embrassée par traîtrise, et par force ! Je n’ai pas pu te voir, lâche, mais je reconnais bien ta voix.

Alors, un flot de sang monta à la tête du don Juan des Maures.

— Coquins ! cria-t-il, — au large ! Encore un de vos tours, bandits ! Mais on a l’œil ouvert et on vous trouvera la marche. Maurin, entendez-vous, est incapable de ce que vous inventez. Tout le monde le sait. Je prends ce qu’on me donne, gredine, et des femmes de ton espèce, un Maurin s’en moque bien ! Ah ! misère de moi, pour tomber à celle-là il faudrait avoir fait carême durant quarante fois quarante jours, pechère !

Il s’échauffait. Le sang provençal bouillonnait en lui. Lent à s’émouvoir, l’homme du Var devenait terrible en ses colères. Il perdit la raison et il se mit à hurler d’une voix furieuse :

— Ceux qui sont capables de faire la chose dont vous m’accusez, gueuse, je les méprise et je les déteste.

« Votre père, oui, en était capable, race de porcs !

« Et c’est pour ça qu’on l’a tué, et je sais qui ! et