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MAURIN DES MAURES

— C’est au sujet de la mort du vieux Grondard, dit enfin Antonia, que vous arrêtez Maurin ?

— Oui, dit Alessandri.

— Alors, c’est de la mauvaise besogne, répliqua-t-elle. Grondard était une canaille comme il n’y a pas la pareille. Moi-même j’en pourrais dire quelque chose ; moi et bien d’autres ! et nous le dirons quand il faudra. Laissez donc aller Maurin pour aujourd’hui, Alessandri. Le juge aura ainsi le temps de réfléchir… Nous lui éclaircirons la vue, au juge. Il a été trompé sans doute par de faux rapports… Maurin est un honnête homme.

— Comment cela va-t-il, que tu portes témoignage de l’honnêteté de Maurin, toi, Tonia ? Qu’en sais-tu ? D’où le connais-tu si bien ?

— Ce que j’en sais ! cria Tonia, exaltée tout à coup. Ce que j’en sais ! mais sans lui, Alessandri, sans ce Maurin que tu veux prendre, ta fiancée à cette heure probablement serait perdue, oui, c’est très probable qu’elle serait morte — et vilainement.

— Explique-toi ! dit Alessandri pâlissant.

— Eh ! dit Antonia, vous ne faites pas si bien la police de la forêt, vous autres gendarmes, qu’on n’y rencontre jamais de malfaiteurs… Ne savez-vous pas, est-ce moi qui vous l’apprendrai, Alessandri, qu’il y a encore en ce moment, libres à travers nos bois, deux échappés de bagne ?… Eh bien, j’étais en train de me promener dans la colline lorsque les deux coquins sont sortis de derrière un abri de rochers, aux entours de la Verrerie et ils m’ont poursuivie et atteinte, et alors j’ai crié… Maurin qui passait sur la route m’a entendue, il m’a répondu, j’ai pu courir vers lui et il m’a ramenée ici. Je lui ai offert un verre d’aïguarden. Et voilà comment il est