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MAURIN DES MAURES

Cette fois Pastouré, que Maurin n’entendait pas, disait en appuyant d’un geste chacune de ses paroles :

— Pas une bécasse ! pas une !… Si j’en avais vu au moins une ! une !

Et il élevait un doigt en l’air.

— Si c’est possible, bouan Diou !

Et le fusil en bretelle, il secouait ses deux mains jointes.

— C’est vrai qu’il n’a pas assez plu.

Ici, renonçant à trouver un geste concordant à ses paroles, il jetait un regard vers le ciel d’où tombe quelquefois la pluie :

— Avoir couru tant de terrain !

Et Pastouré étendait le bras, se désignant à lui-même tout le terrain qu’il venait de battre.

— Et pas une plume dans le sac !

Il frappait sur son carnier.

— Pas une au chapeau !

Il ôta son chapeau, le considéra tristement et le remit sur sa tête qu’il secoua d’un air humilié :

— Attention ! que mon chien guette ! sa queue me le dit.

Et, le bras étendu, il imitait, de son index vertical et vibrant, le mouvement de la queue et toutes les émotions de son chien.

Tout à coup l’index de Pastouré se fit presque horizontal, comme l’était en ce moment la queue de son fidèle Pan-pan. Son chien, un nouveau, s’appelait Pan-pan, ou Coup double. Tous deux, chien et chasseur, étaient à l’arrêt.

— Bourre ! cria Pastouré qui négligea de monter sur un arbre.