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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/259

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MAURIN DES MAURES

le regard flottant sur les vignes de tout le monde, dont il calculait le rapport.

— J’en connais, de ceux-là, interrompit Maurin, et plus d’un !

— Magaud jeta sa pioche sous l’ombre légère d’un olivier, avec un soupir de soulagement : « Ah ! fit-il, je vais maintenant dire deux mots à mon fiasque ! »

« Son carnier était pendu à une basse branche de l’olivier ; il le décrocha, en tira pain, fromage, un oignon, et enfin du sel dans un étui de roseau coiffé d’un bouchon de liège ; il posa à côté de lui son « fiasque », la bouteille plate revêtue de sparterie, et se mit en devoir de casser la croûte.

— Et il ne vous dit pas : « À votre service ? » s’écria Maurin indigné.

« — À votre service ! fit Magaud se tournant vers moi, — répliqua M. Cabissol en regardant Maurin.

Il poursuivit :

« — Merci, Magaud, bon appétit, » répondis-je.

« Et je restai debout à le regarder.

« Il mangeait, piquant du couteau les tranches du gros oignon, les frottant dans le sel épandu sur la couverture de cuir de son carnier, qu’il avait étalée à terre.

« Après un silence :

« — Ce Latrinque, fit-il tout à coup, en voilà un qui en a de la bonne chance ! »

« Il jeta la peau de l’oignon, piqua un morceau de fromage rouge, et se tut.

« J’attendais l’histoire.

« La bouche pleine, la joue enflée, Magaud reprit :

« — Vous n’avez pas vu comme il est fier, sur sa çarette (charrette) ? » C’est qu’il en a, lui, des picail-