lons, et grâce à moi encore ! Sans moi, sans mon bon conseil à moi, — tel que vous me voyez — son père n’en aurait pas plus que moi, de l’argent ! »
« Ici, je jugeai que le narrateur avait besoin d’un peu d’encouragement.
« — Sans votre conseil, Magaud ? Et quel est-il ce conseil qui a rendu Latrinque riche ?
« — C’est à son père que je l’ai donné, dans un temps ; et voici l’affaire. Il y a bien vingt ans de ça. En ce temps-là, tout le monde connaissait dans le pays un vieil avaricieux qu’on appelait — je ne sais pourquoi — le Canonge.
« — Oui, le Chanoine.
« — Peut-être bien, je m’y perds dans vos mots français, je n’ai pas beaucoup d’école, je ne sais pas lire… Ce Canonge, donc, un ancien curé selon le dire des uns, un ancien soldat selon le dire des autres, était un homme qui venait, monsieur, on ne savait pas d’où. Seulement, il avait de la terre à la campagne et de l’argent dans les villes. Il était riche, riche… au moins à cent mille francs ! Mais c’était chien comme tout, et c’était dur au monde. Un pauvre qui est un pauvre, n’avait jamais rien reçu du Canonge. Il poursuivait, le fusil à la main, ceux qui seulement traversaient sa vigne. Si un chasseur, en passant, lui avait pris, ayant trop soif, un grain seulement d’une grappe de son raisin, il aurait pour sûr tiré dessus… Des hommes comme ça, il y en a, voyez-vous, plus que d’un ! Et la corde pour les pendre, voilà tout ce qu’ils se méritent. »
— Il y en a, il y en a comme ça, dit Maurin, mais il y en a beaucoup plus des autres.
— Magaud, reprit M. Cabissol, accola son fiasque et