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MAURIN DES MAURES

— Il devient pire tous les jours, ton garçon. Je te dis qu’il parle de faire sauter les riches avec des coups de mine ou des bombes chargées de poudre de contrebande.

— Ah ! le méchant bougre ! fit Maurin. Voyez-moi ces idées : il veut être fils de roi et déteste les fils de roi parce qu’il n’est pas fils de roi ! Et l’animal, si on lui donnait un gouvernement, serait plus méchant que les plus méchants ! Je vois qu’il faudra lui remettre un peu et bientôt la cervelle à l’endroit. Quand on se plaint de ceux qui ont les bonnes places, ça doit être pour faire mieux qu’eux, Saulnier, le jour où on les met par terre. Lui, avec les idées que tu racontes, il ferait pire que les pires. Et quelle instruction ça a-t-il, d’abord, un jean-foutre comme ça, il me fera dire, — tout mon fils qu’il est ? Quelle science a-t-il pour vouloir faire la justice à lui tout seul, lorsque tant de savants n’arrivent pas seulement à deviner où elle se trouve ? Est-ce qu’il la connaît, la justice ? Qui veut conduire la voiture doit savoir mener un cheval… Ah ! pauvre France !

— Je lui ai dit tout ça, fit Saulnier.

— Et qu’a-t-il répondu, le gueux ?

— Qu’il savait où il allait : que ça ne regardait personne… Et puis, il y a encore quelque chose de plus inquiétant…

— Quoi ?

— Voilà. On lui a fait accroire à Toulon… des mauvais farceurs lui ont mis ça en tête… après l’avoir fait boire…

— Et quoi donc ? fit Maurin avec impatience.

— Qu’on savait qui étaient son père et sa mère et que c’est des grands personnages.

— Et qui est-ce, d’après lui ?