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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/283

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MAURIN DES MAURES

Le paternel Maurin ramenait Césariot à Saint-Tropez, chez ses patrons, à qui il comptait le recommander fortement.

Césariot, tout d’abord, ne desserra pas les dents. Il se soumettait à la force en rechignant. Il espérait que ce diable de Maurin finirait bien par le lâcher. Et dès qu’il aurait retrouvé sa liberté, il irait où bon lui semblait. Comment Maurin savait-il ses secrets ? Cela lui paraissait surnaturel et ne laissait pas de lui inspirer du respect.

Tenter d’échapper à la forte poigne de ce diable de Maurin des Maures, il n’y songeait pas. Il éprouvait de plus en plus auprès de lui une sorte de terreur superstitieuse. Quant à l’idée d’être le fils d’un tel homme, en mieux y réfléchissant, il commençait à l’admettre, car il lui paraissait impossible qu’un Maurin eût parlé à la légère. Et puis, la correction qu’il avait reçue ne semblait acceptable à son orgueil que venue d’une autorité paternelle. Cependant, malgré la gloire du nom de Maurin, qui était un roi à sa manière, Césariot eût préféré pour père l’amiral ou le ministre qu’il avait rêvé avec sa cervelle farcie de romans-feuilletons…

Maurin, nature fruste et fine, laissait l’enfant à ses réflexions. Il avait de l’expérience, l’homme… nulle sentimentalité, un esprit clair et libre.

Il se faisait midi passé. Césariot qui, sans sa mauvaise rencontre, se fût attablé là-bas, au cabaret de la Foux, commençait à sentir les tiraillements de son estomac de matelot. Rien ne creuse comme une alerte un peu vive. Il dit tout à coup :

— Alors, de tout aujourd’hui, on ne mettra rien sous la dent, hé ?