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MAURIN DES MAURES


CHAPITRE II


Où l’on verra la silhouette d’un nommé Parlo-Soulet, ou Parle-Seul, qui inventa le monologue, et le bon tour que jouèrent aux gendarmes Maurin des Maures et son muet associé.


La fierté nationale exige que, au moment même où l’on feint d’être dupe de la galégeade, on laisse entendre, au moins une petite fois, qu’on ne s’y est pas laissé prendre.

Un des auditeurs sauva la dignité de tous en disant :

— Ah çà ! vaï, tu galèges !

Et de rire. Maurin triomphait, grave. Certain alors de dominer son public, Maurin, s’adressant à celui qui venait de parler, prononça d’un ton goguenard :

— C’est les gendarmes d’Hyères, ça, dis-moi, Louiset ?

— Oui, ceux d’Hyères, fit Louiset, un jeune paysan d’allure effrontée, au feutre à bord étroit penché sur l’oreille ; ceux d’Hyères. N’as-tu pas vu leurs chevaux attachés à l’anneau ? Ceux de Bormes vont à pied.

— Et, poursuivit Maurin, qu’est-ce qui les oblige à sortir de leur commune, — ceuss d’Hyères ?

— On leur a commandé de poursuivre trois coquins, qui ont pris la route de Cogolin.

— Et c’est comme ça qu’ils vont à Cogolin ? fit Maurin dont la belle humeur augmentait. Ils y vont assis sur des chaises ? M’est avis que, de ce train-là, ils n’y