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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/307

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MAURIN DES MAURES

pins, bien sains, couleur de safran, et les arrosa d’huile vierge.

Tout en vaquant à ces préparatifs et à d’autres, l’ermite jacassait :

— C’est ici, dans notre église de Notre-Dame-des-Anges, que fut dite par M. Pignerol, curé de Pignans, chasseur et cavalier, la fameuse messe restée célèbre sous le nom de Messe de la Lièvre… Je l’ai connu, ce Pignerol ; je la lui ai servie plus d’une fois, la messe. Il arrivait ici à cheval, sautait à bas de sa monture, sa soutane haut retroussée laissant voir des culottes de velours gris côtelé ; il la relevait ainsi, toute la jupe sur son bras, de peur qu’elle s’accrochât à ses grands éperons ; et, en entrant dans l’église, il allait poser d’abord, avec une génuflexion, sa cravache sur l’autel.

— Ce n’était pas bien, dit la pieuse Tonia.

— C’était sa manière, dit l’ermite, et le bon Dieu le prenait comme il était… Le plus souvent sa chienne Franquette, la bonne Franquette comme il l’appelait, une courante fameuse pour les lapins dans tout le pays, s’asseyait ou se couchait sur la première marche de l’autel (je vous ferai voir la place) et regardait son maître pendant toute la cérémonie, avec une patience un peu mêlée…

« Un jour, — c’est une histoire, celle-là, bien connue en Provence ! — un jour, comme il en était à la communion, où le prêtre dit par trois fois ces paroles : « Domine non sum dignus », coupées par trois appels de clochette que sonne le servant, un coup seul, puis deux ensemble, puis trois à la suite, M. le curé Pignerol entendit au loin, dans les bois qui entourent l’église, plusieurs chiens donner de la voix.