intimidés, laissant derrière lui un peuple stupéfait, mais plein de désirs de vengeance.
Il gagna la plaine qu’il lui fallait traverser dans toute sa grande largeur pour regagner son royaume des Maures.
À peine fut-il hors du village, que le maire dit à tout le monde ;
— Allez chercher chacun votre fusil et les femmes leur manche à balai, et nous lui ferons la conduite. Il faut qu’on le prenne et qu’on me le mette dans la prison.
Et se tournant vers le garde :
— Toi, bats le rappel sur la caisse pour assembler le monde et dis au curé de sonner le tocsin, comme pour le feu !
Ainsi fut fait, et quand tous, armés de bâtons et de fusils, et les enfants de leurs frondes, se furent ramassés au milieu de la place, au son d’un tambour sur lequel le garde exécutait des ran-tan-plan terribles, le maire dit aux enfants :
— À présent, montez au sommet du village (Gonfaron est bâti sur un mamelon) et de là-haut, vous verrez quelle direction il a prise, ce maòufatan ! Et nous pourrons alors le joindre à coup sûr.
La petite armée enfantine monta au sommet du village.
— Il a pris le chemin des Mayons-du-Luc. Il traverse la plaine, il a bien trois quarts de lieue d’avance.
— Suivez-moi, dit le maire, en avant ! Et que personne ne recule.
Pendant ce temps, Maurin se disait :
— Quand le peuple se mêle d’être bête, pechère ! il