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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/342

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MAURIN DES MAURES

— Et si je me fâchais ? dit Caboufigue.

— Toi ? tout cochon que tu es, tu n’es pas bête. Et tu sais bien que j’ai raison… Té ! exclama-t-il, tout à coup, illuminé d’une idée subite… J’ai mieux pour toi que la candidature. Si tu ne te présentes pas, je te ferai décorer !… Ça, voui, c’est fait pour toi. Ça t’ira comme des manchettes.

— Tu ferais ça ? s’écria Caboufigue ébloui.

— Je sais bien que la croix, dit Maurin, ça ne s’achète pas toujours. Mais, à moins qu’il soit de ceux qui la donnent aux autres, je n’ai jamais vu un homme un peu vraiment riche qui ne soit pas décoré, excepté toi. Comment as-tu fait ? Ça me paraît plus difficile que tout le reste… Alors, rien que parce que tu ne l’as pas, moi, Maurin, je te la donne.

— Et comment feras-tu pour me la faire avoir ? interrogea l’anxieux et alléché Caboufigue.

— Tu me diras, un jour ou l’autre, lequel de nos grands hommes de la République elle a épousé, dit Maurin, et alors, de sûr, je te ferai décorer. Elle ne pourra pas me refuser ça.

— Allons, déclara Caboufigue, je vois bien que tu n’abuseras pas du secret… C’est un secret d’État !

Et il se pencha vers l’oreille de Maurin. Maurin écouta sans broncher la révélation surprenante qui lui était faite et dit seulement :

— C’est en effet le nom d’un des maîtres de la République. Et à présent, pourvu que tu t’engages à ne pas te présenter à la députation, je m’engage, moi, à faire pour toi ce que j’ai dit.

Ainsi le roi des Maures disposait des plus hautes récompenses nationales. Il se sentait fort de l’appui du