— Pas comme un autre ! dit Maurin. Et beaucoup moins bon que beaucoup d’autres,
— Pourquoi ça, Maurin ? J’ai l’habitude des affaires.
— Des tiennes, Caboufigue, Et c’est ce que je veux dire. Ce sont les tiennes que tu ferais. Je voudrais, bien volontiers, que nos députés sortent tous, comme toi, de la terre du pays. Mais encore faut-il qu’ils aient une autre figure. Regarde-toi, Caboufigue, avec tes vingt mentons, tu sues ton égoïsme ! Et si tu veux m’en croire, tu n’essaieras pas d’être député. Tu ne peux l’être qu’à coups d’argent. Tes électeurs te demanderont la lune, et il faudra bien la leur promettre. Bien des pauvres gens parleront, si tu le veux, en ta faveur, et pour toi se feront canailles, et pour cent sous te vendront leur voix, autant dire qu’ils essaieront de te vendre la pauvre France. Des candidatures comme la tienne, ça vous détruit un pays.
« Fais ta fortune, Caboufigue, mais ne te mêle pas de faire la nôtre ; que le grand saint Martin, quand il aura remplacé Dieu, nous en garde ! Nous y perdrions les plumes qui nous restent. Ton argent nous coûterait trop cher. C’est avec des bons diables comme toi, avec des bergers de crocodiles sans grande méchanceté au fond, mais gonflés d’eux-mêmes comme tes faisans, qu’on fait la bassesse d’un peuple. J’aime mieux être, quoiqu’un peu maigre, un vieux coq de montagne, qui vit d’un gland et qui a la pépie !
— Comme ça, dit Caboufigue, tu seras contre moi ?
— Et avec moi, tout mon pays des Maures, comme un seul homme, foi de Maurin !
— Alors, dit Caboufigue, je suis…
— F…ichu ! dit Maurin.