est et de s’occuper des affaires du peuple ? Rien ni personne ! Et voilà la raison pourquoi je ne dirai rien, je ne le parlerai qu’à moi, je me le confesserai tout seul à moi-même, mais à lui ni à d’autres jamais je ne le dirai !
« Ils me galègent, des fois, parce qu’ils me voient, de loin, quand je suis seul, faire aller, qu’ils disent, les bras comme un télégraphe. C’est qu’alors, tout seul, je me vide, je me soulage de mes pensées, je me dégonfle comme l’âne de Gonfaron quand le maire des imbéciles lui rend la liberté de lui-même ! Si je leur disais ce que je pense, pechère ! ils ne voudraient pas entendre, et si je le leur disais avec des gestes, ma main se fatiguerait de leurs figures et mon pied de leur derrière !…
« Ah ! nom de nom ! bourrique que je suis ! Je suis allé au puits tout à l’heure laver les « siettes » et les verres, et je n’ai pas rapporté d’eau pour boire, qu’elle fait trouver le vin meilleur ! »
Il s’apprêtait à sortir quand Maurin entra.
Le pauvre Maurin ne se doutait guère qu’entre lui et les gendarmes, la distance, en ce moment, n’était pas longue.
Ils l’épiaient depuis sa conversation avec Tonia, et plus habiles qu’en d’autres occasions à se cacher de lui, ils le virent entrer dans la cabane ; ils se concertaient.
— La cheminée fume, disait le gendarme Sandri. Ils déjeuneront là. Rien ne presse. Comment nous y prendre ? Maurin n’est pas homme à ne pas nous résister. Ils sont deux. Laissons-les se mettre à table.
— Tu es toi, Maurin ? dit Pastouré, en voyant entrer son ami.