— Je suis moi, bonjour, dit Maurin. Ça sent bon, ici. Surveille ton rôti. Je vais au puits chercher l’eau et me mouiller le museau. Ça fait du bien aux chevaux.
— Va quérir l’eau fraîche. J’ai, justement, oublié.
Maurin avait quitté son carnier et son fusil.
— Où est le vieux fusil ? dit-il. Une arme est un compagnon. Je verrai s’il ne s’est pas trop rouillé ! Un lapin peut me partir !
— J’ai battu aux alentours, dit Pastouré. Il n’y a rien de rien, tu peux croire.
— Il peut en être venu depuis tout à l’heure. On ne sait jamais.
— Il n’y a rien, rien, pas un poil, pas une plume.
— Alors, sans risque, je peux prendre le vieux fusil.
— Il est rouillé, prends le tien.
— Mais puisqu’il n’y a rien, dit Maurin, je n’aurai pas à tirer. Je prends le fusil à piston.
— Alors, si tu ne le tires pas sur un perdreau, tire-le sur une cible pour savoir comment il marche et puis tu le rechargeras. Té ! voici des capsules.
Maurin sortit, la cruche vide au poing, le vieux fusil pendu par la courroie à son épaule.
Il fait vingt pas, et, surpris et joyeux s’arrête, voyant son chien en arrêt.
L’attitude d’Hercule était significative :
— Noum dé pas Dioù ! Un lapin !
Il pose à terre sa gargoulette :
— Bourre !
Le lapin part. Maurin épaule, tire… cra ! Le coup rate.
— Voleur de sort ! dit Maurin. Ça semble un fait exprès. Un lapin à ma porte et mon vrai fusil dans la maison. Carogne !