CHAPITRE XLIV
Ça lui faisait tout de même un effet, à Maurin, ainsi qu’il le conta plus tard, de marcher de la sorte, les mains liées comme les pattes d’un sanglier à la barre, à travers ces bois sauvages où chaque pas lui rappelait les joies de sa vie libre. Il ne dit rien d’abord, ruminant en silence ses pensées et ses chances d’évasion et craignant, s’il parlait à Sandri, de s’emporter jusqu’à l’insulter encore dangereusement.
Et dans cette tête d’homme de bon sens, dans ce cerveau clair, une idée stupide à travers toutes les autres revenait sans cesse : « La première créature que j’ai rencontrée ce matin, c’était Misé Rabasse, la vieille femme dont on n’a jamais su si elle n’est pas un homme… Quand je rencontre ainsi Rabasse avant d’avoir aperçu toute autre créature humaine, vite à l’ordinaire je rentre dans quelque maison où je dépose mon fusil que de tout le jour je ne touche plus ! car la vieille masque porte malechance, et tout ce qui m’est arrivé de fâcheux, depuis ce matin, en un rien de temps, ne m’est advenu que parce que j’avais rencontré Rabasse. Si maintenant je rencontre un homme jeune, alors seulement je serai désemmasqué ! » Maurin n’eût pas volontiers laissé dire qu’il croyait à Dieu ou au