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MAURIN DES MAURES

On frappa aux portes. Elles ne s’ouvrirent point, mais Fanfarnette, la petite pastresse, sortit tout à coup d’un trou des murs crevassés.

— Personne n’est ici pour l’heure, dit-elle. Il y a, je ne sais pas où, un mariage, et tous ceux d’ici y sont allés.

Elle regardait Maurin d’un air d’impertinence, de défi, qui était étrange.

— Diable ! dit Sandri ; aurais tu du pain, au moins, à nous vendre ?

— J’en ai pour moi, et pas guère.

— Et du vin ?

— Voici la fontaine.

Elle vint se planter devant Maurin, et le regardant bien dans les yeux :

— Ça ne vous a pas porté bonheur, de tuer l’aigle des Secourgeon ? faut-il que j’aille lui donner de vos nouvelles, à Secourgeon ? Sa femme sera bien malheureuse !

La bergerette impressionnait Maurin désagréablement, comme une créature de songe, irréelle, ni enfant ni femme. Elle l’inquiétait. Sous son regard, il finit par détourner les yeux. Alors, avec un grand éclat de rire, elle disparut dans une crevasse des ruines, en criant aux gendarmes :

— Buvez à la fontaine !

Les gendarmes faisaient la grimace. Pastouré avait compté fort sagement sur la mésaventure qui leur arrivait.

— Il est une heure, dit Sandri.

— On est loin de tout, ici ! dit l’autre gendarme.

Maurin prit la parole :