— Sandri, ce que j’ai au carnier, par la prudence de mon ami Pastouré, nous le partagerons.
— Ce n’est pas de refus. On te le paiera
— Alors, dit Maurin, tu n’en auras rien.
— Bon ! nous le prendrons, fit l’autre gendarme.
— C’est ici, dit Maurin, l’occasion de voir si deux gendarmes oseront voler un pauvre.
— Nous le réquisitionnerons, corrigea le camarade de Sandri.
Toutefois, incertains de leur droit, les deux gendarmes se regardaient avec embarras.
— Nous le partagerons en frères, reprit Maurin, à condition, bien entendu, (et je me déclarerai payé mais honnêtement payé) qu’on me détache, le temps de prendre mon repas, dont j’ai grand besoin.
— Tu veux nous échapper ! dit sévèrement Sandri ; tu nous prends pour d’autres.
— Mais, dit Maurin, jouant la surprise, n’est-ce pas moi qui t’ai demandé de m’attacher lorsque tout à l’heure, avoue-le donc, tu n’osais pas le faire ? Et sans ça peut-être je serais déjà loin. Seulement voilà, il ne me déplaira pas, comme tu me l’as entendu dire à Grondard, d’en finir avec les juges, une bonne fois ! et de leur dire ce qu’ils doivent connaître.
— Il parle bien, affirma le camarade de Sandri ; seulement si nous le détachons, sûr, il s’échappera !
— Eh bien ! répliqua Maurin, voici ce que vous pouvez faire. Allons dans le cimetière des moines, là où sont, tout autour, leurs petits « chambrons ». Mettez-moi dans une de ces prisons. Barricadez-en la vieille porte et laissez-moi là tout seul en prisonnier, mais, pas moins, avec les mains libres, que je puisse manger