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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/394

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MAURIN DES MAURES

picatéoù (un pic), à ce cri, s’envola effrayé. Mais Pastouré regarda le picatéoù et dit :

— Si les oiseaux se mêlent d’être des bêtes, qu’est-ce qui restera aux gendarmes ?… Pauvre picatéoù ! tu ne le comprends pas que cette machotte est un homme ? Maurin m’appelle ! Vive lui !

La chouette répéta son cri plusieurs fois, à intervalles égaux.

— Le nombre y est, dit Pastouré. C’est bien lui…

Et il répondit comme chouette à chouette.

L’oiseau de nuit qui répliqua par un certain nombre de cris espacés, — langage convenu entre les deux braconniers — parla clair comme le jour.

— À Collobrières, dit Pastouré, chez Moustegat ? Bon !

Il se dirigea vers Collobrières ; mais, au croisement de deux sentiers, il aperçut Maurin qui l’attendait.

Pastouré ne dit rien. Il avait envie de pleurer. Il tendit à Maurin son fusil. Maurin le prit et, dans un geste puéril mais d’une sincérité touchante, il le baisa.

— Té ! dit Pastouré, embrasse-moi aussi, que je puisse te le rendre !

À la nuit, ils recevaient asile chez un braconnier de Collobrières à qui Maurin, devant une nombreuse assistance, contait en riant les trois coups ratés qui avaient amené son arrestation. Et il expliquait tous les détails de sa fuite au milieu des gaietés sonores, des grands coups joyeux frappés du plat de la main sur la cuisse du voisin, parmi une fumée de pipes épaisse, mon ami ! comme la fumée de toute une escadre !