CHAPITRE XLV
Grondard, un peu ému par l’extraordinaire harangue de Maurin, se demandait quel avantage, en effet, il allait bien retirer de l’arrestation de son ennemi. Et déjà il regrettait un peu d’avoir mis les gendarmes dans ses affaires.
La Besti était de ces intelligences d’impulsifs bornés qui ne voient jamais qu’un objet à la fois, celui qui fait leur convoitise et sur lequel aussitôt ils se précipitent.
De celui-là on les détourne au moyen d’un autre, aussi souvent que l’on veut, comme l’espada fait volter le taureau en lui présentant la cape. Grondard voyait très bien maintenant qu’il n’y avait rien de bon pour lui dans cette arrestation de Maurin, sottement favorisée. Sa sœur et lui seraient hués dans les rues de la ville où aurait lieu le jugement ; toutes leurs vilaines histoires seraient racontées l’une après l’autre par tous ceux qui, effrayés jusque-là, s’étaient tus lâchement. Le meurtre de son père serait approuvé. Vraiment, pensait Grondard, il eût mieux valu faire ses affaires soi-même et trouver une occasion de se venger au coin d’un bois, avec un bon coup de matraque. Si, à cette heure, M. le juge eût interrogé Grondard sur la valeur des