soupçons qu’il avait élevés contre Maurin, Grondard eût déclaré qu’il ne soupçonnait plus personne.
Pensant à ces choses, il rencontra Tonia devant la maison forestière et lui annonça que Maurin était arrêté.
— Quel malheur ! dit la fille.
Et ne pouvant s’empêcher de pleurer, elle rentra vivement chez elle.
— Tiens ! Tiens ! songea Grondard, en s’éloignant, aussi rêveur qu’une brute peut l’être. Tiens ! tiens ! un secret est une chose dont on peut tirer profit…
Tonia, étant seule à la maison, tout en vaquant aux choses de son ménage pleurait comme une Madeleine. Des larmes, grosses comme des olives, glissaient sur ses joues couleur de pêches dures ; et quand son père entra tout en un coup, elle ne put les lui cacher.
— Tu pleures ? Qu’y a-t-il ? fit Orsini, plutôt sévère.
Elle ne répondit rien.
— Que t’est-il arrivé ? parle !
Même silence.
— T’es-tu piquée ou brûlée ?
Un garde forestier entra.
— Brigadier, dit-il, je viens vous dire une chose qu’on raconte et qui est sûre. Le braconnier Maurin des Maures, arrêté par Alessandri, a été vu à La Verne par une petite pastresse qui le connaît très bien. Il était enchaîné !
— Ah ! dit Orsini.
— Il va sans doute passer par la cantine où les gendarmes avaient laissé leurs chevaux.
Le garde forestier s’était retiré. Orsini regarda fixement sa fille :
— C’est donc pour ça que tu pleures ? dit-il.