Un soir, Maurin qui était resté, à son ordinaire, tout l’après-midi dans le grenier chez M. Rinal, déclara qu’il ne sortirait pas cette nuit-là.
Pastouré, qui était venu le chercher, s’étonna. M. Cabissol et M. Rinal parurent également fort surpris.
— Et pourquoi ne sortiras-tu pas ce soir ?
— À cause, dit Maurin, d’une rencontre que j’ai eue et d’un cadeau que j’ai fait aux gendarmes de Bormes, la nuit dernière.
— Oh ! Oh ! Contez-nous ça, Maurin.
M. Rinal, confortablement assis dans un vieux fauteuil au coin du feu, fumait une cigarette ; de sa main fine, élégante parmi la manchette brodée et souple, il en offrit une à M. Cabissol, qui, le dos aux coussins, s’était installé sur le divan recouvert d’un tapis oriental.
Maurin et Pastouré, malgré les invitations réitérées du maître de la maison, n’acceptaient pas les sièges moelleux ; ils s’y trouvaient mal à l’aise, et préféraient les durs escabeaux de bois de chêne, sans dossier.
— Contez-nous ça, Maurin. Et d’abord, allumez vos pipes.
Les pipes allumées :
— Voici, dit Maurin. Je revenais cette nuit de l’affût, et je rapportais ici ma lièvre, une lièvre de quatre kilos, mon ami ! une chose comme un loup ! qui me remplissait ton carnier, ô Pastouré, et même davantage — car c’est ton carnier, Pastouré, que j’avais emporté, avec ta permission, vu que le mien est grand comme une malle et que je ne croyais pas en avoir besoin, ne comptant pas tuer plus d’une lièvre, comme de juste.