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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/420

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MAURIN DES MAURES

— Vous trouvez ? dit M. Cabissol.

— Parbleu ! quand on ne s’en aperçoit pas, c’est qu’on oublie le passé. Mais, à travers toutes les cruautés, les trivialités, les stupidités de notre vie sociale, il est facile, en comparant les conditions de l’existence moderne avec ce que nous savons du passé, de voir que tout est mieux. Un peu de mieux suffit à l’espérance d’un autre « peu de mieux ». De jour en jour, l’homme s’installe plus confortablement sur le globe et par suite il a le loisir de jouir mieux que jamais, et de mieux comprendre les beautés de la nature et celles des arts.

— En vérité ! dit M, Cabissol, vous croyez que le peuple se soucie de l’art ?

— Pas encore beaucoup, mais donnez-lui le temps. Éduquez-le. Voilà Maurin qui nous écoute… et voilà Pastouré. Eh bien, leur manière de raconter ou d’écouter prouve qu’ils ont le goût de la vie, de la pensée et de l’expression artiste.

— Je vous avoue que bien souvent je me dis au contraire (et j’en demande pardon à Maurin) que la masse est aveugle, stupide et indécrottable. Elle n’aime que les cabarets. Et sans des bourgeois comme vous, qui la conseillent et la guident, elle ne serait même pas capable de revendiquer les libertés qu’elle ne comprend point et qu’elle s’imagine conquérir parce que vous les lui accordez. Qu’est-ce que le socialisme, sans les bourgeois de gouvernement ? Un tas d’ignares, une tourbe envieuse, imbécile et mauvaise ; ça, c’est le peuple.

— Mais sacrebleu ! s’écria M. Rinal, les bourgeois de gouvernement c’est le peuple, c’est le surpeuple si vous voulez, mais le peuple d’aujourd’hui sera le surpeuple de demain. Sans doute le monde, vu superficiellement,