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MAURIN DES MAURES

L’aîné, Jean d’Auriol, licencié en droit, vit à Auriol même, dans une heureuse médiocrité,

Son cadet, Paul, cinquante ans, est secrétaire de la mairie d’Auriol. Les maires passent, il reste. Il est, à la mairie d’Auriol, ce que les bureaux sont aux ministères. Et la ville prospère.

Le plus jeune enfin, qui n’est pas du même lit, n’a que trente-trois ans. Il s’appelle Pierre. Ce qui nous donne : Jean, Pierre et Paul.

Seul des trois frères, le secrétaire de mairie est marié, et, au moment où commence cette histoire, son fils, Théodule, il y a de cela quatre ans, avait seize ans à peine et se trouvait à la veille de passer son examen de bachelier ès sciences.

Or, le plus jeune des trois d’Auriol, Pierre, sorti de l’École Normale supérieure de Paris, fut quelque temps professeur de philosophie au collège d’Auriol.

Se jugeant victime d’une injustice, de celles qu’un homme averti doit supporter tous les jours avec patience, il donna sa démission. C’était un idéaliste.

Tombé sur le pavé, du soir au lendemain, et sans un sou, ce jeune fou ne tarda pas à s’apercevoir que les diplômes et titres universitaires ne sont d’aucune utilité à un homme qui veut gagner son pain.

Aidé d’abord par son frère, Jean d’Auriol, et par son frère Paul, il ne souffrit pas l’idée d’être longtemps à leur charge. Il alla tenter fortune à Paris. Là, tout en donnant des leçons dans une boîte à bachot, il se mit à écrire des romans et des pièces de théâtre, mais il ne trouva ni directeur ni éditeur disposés à faire représenter ou à imprimer ses ouvrages. Il avait pourtant