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MAURIN DES MAURES

— S’il était mort, grogna Pastouré, quelque chose me le dirait !

— Voyez-vous, dit Cabissol, sentiment à part, la mort de Maurin me laisserait aujourd’hui l’impression d’une belle destinée interrompue avant l’heure… Et, à propos, savez vous que Jean d’Auriol… ?

— Quel Jean d’Auriol ?

— Le licencié en droit, Jean, le frère de Paul et de Pierre.

— Bon. Et qu’alliez-vous nous dire de lui ?

— Je devais vous l’amener un de ces jours ; c’est une surprise que je voulais vous faire. Il a commencé, sur mes instances, une sorte de biographie de Maurin des Maures, une manière de roman tout coupé d’anecdotes et de récits, sur le ton de nos contes populaires… La mort de Maurin va le consterner ; il rêvait pour son héros une longue suite d’aventures… Depuis quelque temps je lui envoyais journellement des notes… Il m’écrivait hier : « Si Maurin laisse le gendarme épouser la Corsoise, le roman se terminera fort mal. »

— Il me semble, dit M. Rinal, qu’un romancier a le droit et presque le devoir d’imaginer au moins un dénouement. Votre d’Auriol n’est-il qu’un réaliste ?

— J’ai donc eu tort, dit M. Cabissol, de me servir du mot roman. Jean d’Auriol voudrait être l’historiographe de Maurin ; il le connaît fort bien, lui aussi, et l’aime beaucoup ; il prétend avec moi que son histoire jusqu’ici est expressive de tout un aspect du caractère méridional… le côté jovial et gouailleur.

— Hélas ! soupira M. Rinal, il est probable que si Maurin venait à mourir en ce moment, la belle Tonia se consolerait avec Sandri !