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MAURIN DES MAURES

neveux sont très bons amis, et s’ils veulent s’associer tous trois, les choses n’iront que mieux.

— Et où trouver ces compagnons ?

— Je me charge de mes neveux, monsieur le préfet. Ce sont d’honnêtes tailleurs de pierre qui, partis tous les matins deux heures avant le jour, sont rentrés tous les soirs dans leur maison de Saint-Raphaël une heure après le soleil couché. L’aîné a même un génie de sculpteur, mais il ne l’a pas cultivé.

— Et en quel temps taillent-ils la pierre ? interrogea le préfet.

— Ils ne la taillent plus depuis qu’ils se sont aperçus que la chasse leur est plus lucrative que leur métier.

Le préfet regarda maître Pons d’une certaine manière. À ce regard qu’il comprit fort bien, maître Pons répliqua :

— Je dois vous dire, monsieur le préfet, que nous rions dans notre barbe quand les Parisiens se refusent à croire à l’existence de notre gibier. Et nous accréditons volontiers cette erreur… Comme ça, nous gardons tout le gibier pour nous !

— Revenons à Maurin, dit le préfet sceptique ; où peut-on le trouver ?

— Le diable seul sait où il est perché. Il a bien sa cabane de bois à la Foux, dans le golfe de Saint-Tropez. Là demeure sa vieille mère avec le plus petit des deux fils de Maurin.

— Et où sont ses autres enfants ?

Ici maître Pons sourit d’un air capable et cligna de l’œil.

— Est-ce qu’on sait ? Un peu partout !

— Vraiment ?