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MAURIN DES MAURES

— Comme j’ai l’honneur de le laisser deviner à monsieur le préfet, dit maître Pons, narquois.

— On ne s’embête pas en Provence ! dit le préfet.

— Quant à Maurin, dit Pons, si on veut le voir, il n’y a qu’un moyen. On écrit aux maîtres d’école, aux gardes, aux gendarmes et aux maires de le prévenir s’ils le rencontrent.

— Les gendarmes et les maires… de quelles communes ? interrogea le préfet.

Maître Pons répliqua sans hésiter, tout d’un trait :

— Des communes d’Hyères, de La Londe, de Bormes, de Collobrières, de Pignans, de Gonfaron, de la Garde-Freinet, des Mayons-du-Luc, de Cogolin, de la Molle, de Saint-Tropez, de Sainte-Maxime et du Muy. Ce sont ses villes.

— Comment ! ses villes ?… Les villes de qui ?

— Les villes de Maurin, pardi !

Le préfet se met à rire.

— C’est donc vraiment un roi ?

— Comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, monsieur le préfet.

— Et, quels sont ses rapports avec la République française, le savez-vous, maître Pons ? dit le préfet d’un air grave.

— Excellents, monsieur le préfet. Maurin ne chasse jamais sur les terres de l’État. Jamais garde ni gendarme n’a encore verbalisé contre lui. Maurin ne chasse pas en temps prohibé… tout au plus la veille ou l’avant-veille de l’ouverture pour ne pas laisser trop de gibier dans les endroits faciles, aux gens des villes… Maurin tend quelques pièges peut-être par-ci par-là, mais les renards, les fouines, les chats sauvages et même les