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Arrêtons-nous ; quittons cette littérature italienne, qui a reflété avec tant d’éclat la suave mollesse des nouvelles mœurs nationales.

L’Espagne intellectuelle tient à peine à l’antiquité grecque et romaine, dont elle ne se rapproche que par le fonds du langage ; elle s’occupe peu de volupté et se montre plus hautaine que gracieuse. Colorée d’une teinte orientale, elle doit une originalité marquée encore à son mélange d’exagération arabe. Catholique, mais avec une énergie que les Italiens ne connaissaient pas ; elle possède un drame, un conte, une nouvelle, dont les analogues ne se trouvent point en Europe ; empreints à la fois d’une croyance profonde, d’un fanatisme ardent, d’une galanterie raffinée, d’un esprit d’aventure et d’une témérité chevaleresque qui n’ont rien de commun avec l’imitation classique. Cette belle et singulière poésie, date de fort loin et se rattache à la phase provençale par un lien plus intime que celui qui unit cette dernière à l’Italie ; s’élevant, dès l’origine, au-dessus de tout ce que les poètes de Pro-