Page:Aimard, Auriac - Cœur de panthère.djvu/164

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Manonie, sa bien-aimée Manonie, enlevée au milieu du Fort !… c’était là un rude coup, sous lequel il fut sur le point de faillir. Mais l’adversité trempe les âmes fermes ; Marshall se sentit devenir d’acier et de bronze ; quelques secondes avaient suffi pour le transformer.

Tous ses soldats, impatients comme lui, couraient aux dangers de cette campagne aventureuse comme à une fête. Le galop rapide des chevaux ferraillait avec les cailloux aigus ; c’était une sorte de prélude au cliquetis de la bataille qui allait s’engager.

Deux fois leur guide, le brave Oakley, prétendit avoir aperçu des Sauvages sur les Collines Noires ; chaque fois on avait fait halte et on avait minutieusement fouillé tous les alentours. Ces recherches avaient été infructueuses, et ce n’aurait été que demi-mal, si elles n’avaient pas apporté dans la marche un ralentissement qui devait avoir le funeste résultat qu’on vient de voir. Effectivement, si le détachement avait couru sans s’arrêter jusqu’à Sweet-Water, la partie était gagnée pour Marshall.

— Je n’aperçois aucune trace des Sauvages, dit tout à coup ce dernier ; et pourtant nous appro-