Page:Aimard, Auriac - Jim l’Indien.djvu/102

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entièrement différent de ses bravades précédentes.

— J’en ferai une bonne lecture, à la première occasion favorable, dit-il en serrant le volume entre ses deux mains, avec une certaine émotion ; aujourd’hui même, dans l’après-midi, après votre départ, j’aurai longuement du loisir pour cela.

— Pas tant que vous le croyez, peut-être, répondit la jeune fille sans dissimuler un léger tremblement dans sa voix ; je vous l’assure, monsieur Halleck, quelque chose de terrible est proche de nous, et vous n’y songez pas.

— Ta ! ta ! ta ! répliqua l’artiste en reprenant ses manières frivoles pour cacher son trouble, vous êtes nerveuse et impressionnable ; chassez de pareilles idées puériles.

Mais, en dépit de son assurance, il sentit comme un frisson traverser tout son être ; jamais, dans le cours de son existence, pareille impression ne s’était produite en lui ; durant quelques secondes, il se sentit glacé et découragé.

Néanmoins, cette période d’abattement ne fut pas de longue durée ; il reprit presque aussitôt son assurance imperturbable :

— Je vous avais prise pour une jeune fille forte