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Page:Aimard, Auriac - L’Aigle-Noir des Dacotahs.djvu/7

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les drames du nouveau-monde

ballottées sur l’océan du destin ; — elle détruit en créant : elle fait des ruines en consolidant son édifice ; elle engloutit quiconque veut lutter avec elle.

Il y a deux siècles à peine des peuplades appelées sauvages, — pourquoi sauvages ?… — promenaient dans les forêts vierges du Nouveau-Monde leur fière indolence, leur liberté solitaire, leur ignorance insouciante du reste de l’univers.

La civilisation s’est abattue sur ces régions heureuses, comme une avalanche, elle a balayé devant elle les bois, leurs hôtes errants, — Indiens, buffles, gazelles ou léopards ; — elle a supprimé le désert et ses profonds mystères ; elle a tout absorbé.

Aujourd’hui on imprime et on vend des journaux là où jadis le Delaware, le Mohican ou le Huron fumait le calumet de paix ; on agiote à la Bourse là où mugissait le buffle ; on fabrique des machines à coudre là où la squaw indienne préparait le pemmican des chasseurs ; le rail-way a remplacé les pistes du Sioux sur le sentier de