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les drames du nouveau-monde

– Je voudrais bien que la mémoire vous revint ; vous ne sauriez croire quelle est ma curiosité à son égard. Vraiment je ne me suis jamais senti si curieux.

– Vous lui portez beaucoup d’intérêt ; je vous en félicite, maître Basil ! répondit Johnson avec un regard étrange qui réveilla tous les soupçons du forestier. – Chut ! ajouta-t-il en baissant la voix, elle s’endort.

En effet, les grands yeux noirs de la pauvre enfant se fermaient, et un sommeil paisible descendait sur elle. Elle en avait assurément besoin après les épreuves qu’elle venait de traverser, et qui eussent brisé toute jeune fille d’une autre race.

Les deux forestiers gardèrent le silence, retenant même leur respiration pour ne pas la réveiller. Ils l’examinèrent curieusement jusqu’à ce que ses paupières fermées et son souffle égal, leur eussent annoncé que leur protégée dormait profondément.

Il était passé minuit. Le feu continuait à flamber joyeusement, car le combustible ne manquait pas. La neige tombait avec plus de fureur