Page:Aimard - Balle france, 1867.djvu/105

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Une quinzaine d’Indiens sortirent du bois.

Au même instant, une quinzaine d’Indiens sortirent du bois et se jetèrent à corps perdu sur les trois blancs.

Ceux-ci, bien que surpris, reçurent bravement le choc.

Se plaçant pour ainsi dire instinctivement dos à dos, fortement appuyés épaules contre épaules, ils formèrent subitement un redoutable triangle devant lequel les Peaux-Rouges furent malgré eux contraints de s’arrêter.

« Oh ! oh ! fit Balle-Franche, je crois que nous allons rire.

— Oui, murmura Ivon en faisant religieusement le signe de la croix, mais nous serons tués.

— Probablement ! fit le Canadien,

— En retraite ! » commanda le comte.

Alors les trois hommes commencèrent à reculer lentement du côté du bois, seul abri qui s’offrait à eux, sans se disjoindre et présentant toujours aux Indiens les canons de leurs carabines.

Les Peaux-Rouges sont braves, téméraires même, cette question ne peut ni être discutée ni être mise en doute, mais chez eux le courage est calculé, ils ne combattent que pour atteindre un but, la victoire, aussi ne risquent-ils jamais leur vie qu’à bon escient.

Ils hésitèrent.

« Je crois que nous avons bien fait de recharger nos armes, dit ironiquement le comte toujours impassible.

— Pardieu ! fit en ricanant Balle-Franche.

— C’est égal, j’ai bien peur ! dit Ivon, l’œil étincelant et la lèvre frémissante.

Eha ! fils du sang ! s’écria Natah-Otann en ar-